Cette année, Fast Sport invite un expert des droits TV à analyser les chiffres issus du CSA et commenter une année hors cadre, atypique et certainement une année pivot pour le sport à la télévision.
Ce chiffre en légère augmentation malgré des compétitions à l'arrêt pendant plusieurs mois en 2020 nous donne 2 signaux forts :
- La créativité des diffuseurs qui se sont réinventés malgré moins de directs pour continuer à proposer des programmes pertinents. Je pense en particulier à des rediffusions éditorialisées de grands matches de football de l'Equipe ou à des émissions utilisant zoom pour garder le lien avec les athlètes et les fans.
- La capacité de résilience des évènements sportifs qui malgré un contexte extrêmement contraint et difficile se sont battus pour continuer à exister. Le Tour de France et Roland-Garros, 2 monuments du sport français, ont réussi à ce titre un véritable exploit !Arnaud Simon
Il est intéressant de noter l'arrivée de Sport en France, émanation du Comité National Olympique Français.
S'il faut saluer cette initiative du CNOSF de prendre en main le destin de visibilité des sports moins puissants, je reste sceptique sur le choix de le faire à travers une chaîne TV linéaire peu adaptée aux nouveaux modes de consommation.
Une plateforme digitale serait plus appropriée. Après presque 2 ans d'activité, cette Chaîne reste très peu connue du grand public, y compris sportif, et délivre des audiences très confidentielles.Arnaud Simon
2.2 fois plus de sport à la télévision en 2020 qu’en 2010
La proposition de sport à la télévision a plus que doublé en 10 ans. Je pense que cette politique de l'offre arrive à sa limite, en tout cas dans sa forme linéaire actuelle.
Le paysage audiovisuel sport français est d'ailleurs en recomposition (Repli de RMC, rapprochement BeIn/Canal). Les prochaines années ne répondront pas seulement à la question "Combien d'heures de sport sont proposées" mais surtout "comment sont-elles proposées". J'entends par là des offres digitales souples et personnalisées en complément de la TV avec des fonctionnalités additionnelles permettant aux fans d'interagir et d'avoir accès à des services directement liés à leur passion (billetterie, merchandising, réservations courts ou terrain, training camps, matériel)Arnaud Simon
5 disciplines concentrent 70% du sport à la télévision
Il faut bien entendu relativiser les chiffres de la pétanque qui doit sa place en haut du classement à de multiples rediffusions pour palier à l'absence d'événements pendant le premier confinement.
Je préfère ici commenter la bonne place du volleyball et surtout du basket. La Ligue Nationale de basketball a subi de plein fouet les conséquences du repli de RMC et des Chaînes thématiques du Câble en général qui concentrent maintenant leurs investissements sur les droits dits "premium". Ce sont plus de 10 Millions de droits qui disparaissent d'une saison à l'autre !
La LNB a choisi de reconstruire sa valeur en faisant le pari de la visibilité en gratuit. L'accord avec l'Équipe est une marque forte de cette volonté. C'est un deal d'exposition, sans revenus de droits, mais qui permet au Championnat français de Basket d'espèrer renouer avec la croissance même si la route sera longue et difficile dans un tel contexte. Rien n'est effectivement plus dangereux que de sortir des radars.
Le volley-ball quant à lui bénéficie d'une diffusion en clair sur Sport en France grâce au soutien du CNOSF et de l'Agence Nationale du Sport sur les coûts de production. C'est bien sûr une bonne nouvelle mais je crains que l'impact ne soit pas suffisant pour recréer une dynamique d'économie réelle et une capacité de recrutement de nouveaux fans.Arnaud Simon
Le football détrôné, vraiment ?
Le football reste roi même s'il est quelque peu descendu de son trône cette année suite à l'arrêt de la Ligue 1 en mars 2020 et le crash industriel Mediapro en décembre.
J'ai évoqué plus en amont le risque de décrochage en particulier auprès des plus jeunes générations quand les compétitions ne sont plus facilement accessibles. Ce risque est bien sûr aggravé par le choix d'une nouveau diffuseur qui partait en tout point de zéro en notoriété et abonnés et en mode de distribution trop cher et trop rigide.
La leçon ? Aucun sport n'est à l'abri d'une sortie de route, pas même le football !Arnaud Simon
Le cyclisme progresse chaque année grâce à sa diffusion sur L’Equipe. La discipline dépasse le football pour la première fois cette année puisque la majorité des courses a au lieu, malgré les reports.
La diffusion du tennis tend à la baisse depuis plusieurs années. L’éclatement des droits sur les chaînes payantes (BeinSports, Eurosport, Amazon) réduit l’offre en clair.
Malgré l’arrêt des championnats, le rugby se maintient. De nombreuses compétitions, nationales et internationales ont été diffusées. Et, suite à la perte des droits du football, Canal + a concentré son offre autour du rugby.
Depuis la création de la chaîne L’Equipe en 2013, le volume global a progressé significativement.
L’équipe c’est 54% du sport à la TV
La Chaîne l'Equipe a clairement trouvé sa place dans le paysage audiovisuel du sport français. Son offre est complémentaire des chaînes payantes sport premium et a préempté le positionnement d'Eurosport sur des disciplines populaires mais plus abordables financièrement (cyclisme, biathlon).
Une ligne éditoriale forte, des rendez-vous, des personnalités, la synergie dans le Groupe ont aussi permis cette réussite.
D'une certaine façon, L'Equipe joue aussi son rôle de service public pour le sport français et va probablement pousser France Télévisions à plus d'audace et d'identité dans la construction de son offre vers Paris 2024.Arnaud Simon